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1911

sort de Saint-Cyr et entre à l'Ecole de Cavalerie de Saumur

Lorsqu'il rend son uniforme et quitte Saint Joseph, il emporte dans sa giberne le goût du beau, du faste, de l'action sociale et la rigueur est une foi qui ne le quittera jamais. L'heure du choix arrive bientôt chez un jeune homme doué. Sera-t-il général ou pape ? Il a changé le jeune Jean : il s'imagine plutôt amiral et ce depuis 1903 ; nul ne saura jamais pourquoi.

 

[…] Pour l'immédiat, il va faire sa philosophie puis intégrer une classe préparatoire à Navale, rue de Vaugirard à Paris. L'école de Vaugirard, n'est guère différente de Saint Joseph, même horaires stricts, même discipline rigoureuse, messe chaque matin, salut le soir. Le préfet des études qui est aussi son professeur d'histoire, Henri de Gaulle, est surnommé « le vicomte » par ses élèves. Son fils Charles est aussi élève.

 

[…] L'écrit de l'examen d'entrée à Navale est un succès, nul n'en doutait. La suite est plus éprouvante pour le jeune homme : il ne pourra se présenter à l'oral ; il est malade. Il souffre d'une paratyphoïde, ce qui n'est pas une mince affaire au début du siècle. (3)

 

Il ne sera pas officier de marine.

 

Il entre à Sainte-Geneviève en classe préparatoire et en juillet 1908, il est reçu 4e sur deux cents à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr. Son rang d'admission lui permet de choisir son arme de prédilection, la cavalerie.

 

Selon une règle imaginée au lendemain de la défaite de 1870, un Saint-Cyrien doit passer une année en corps de troupe avant de rejoindre l'école. Jean de Lattre de Tassigny passera sa première année sous l'uniforme comme simple soldat au 29e Dragons de Provins. Le 3 octobre 1908 il signe son engagement dans l'armée devant le maire de Fontenay-le-Comte en Vendée (3)

 

Classé 4e à l'entrée, il se retrouva 4e avant-dernier à la sortie d'une promotion de 209 élèves nommés officiers. (2)

 

C'est ainsi que, pour avoir trop nettement affirmé son caractère et surtout s'être un peu trop écarté de la morale, Jean de Lattre a déconcerté. Il n'est pas sûr, pourtant, que le sous-lieutenant de Lattre ait perdu son temps : il s'est préparé au métier d'officier à sa façon, sans accepter de passer par le moule mais sans échapper totalement aux enseignements donnés, aux traditions transmises. Il est acquis qu'il a suivi avec intérêt les événements diplomatiques et politiques de son temps, c'est-à-dire la marche lente mais certaine vers une nouvelle guerre.

 

En octobre 1911, il prend la route de l'école de Saumur. Mais il ne fut pas subjugué par cette formation qui lui paraît « démodée ». Ses instructeurs noteront : « Ce cavalier à l'esprit fier et cultivé, au tempérament artiste, pourrait bien faire s'il orientait ses aptitudes vers le métier militaire »

 

Fin septembre 1912, le sous-lieutenant Jean de Lattre se présente au colonel commandant le 12e Dragons du régiment de Pont-à-Mousson. Il est au plus près de la frontière. Il prépare ses hommes aux futurs combats. Il multiplie les exercices et les patrouilles ; les entraînent au combat à la lance contre des mannequins déguisés en cavaliers allemands, leur fait découvrir le terrain. Le régime est rude ; le Lieutenant ne ménage pas ses hommes, il les veut prêts pour le combat et ne s'accommode pas du laisser-aller et de la mollesse. Tous les dragons comprennent ce qui les attend : ils seront en couverture de la frontière, les tout premiers engagés lorsque la guerre éclatera.

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