Aller au contenu principal

octobre 1898

entre au collège Saint Joseph à Poitiers

Pour que le petit Jean reçoive une éducation, il aura aussi des gouvernantes successivement prussienne et bavaroise. Pour le latin c'est l'affaire du curé de Mouilleron, le père Guinardeau ; l'abbé Dion l'initiera au grec. Marcelline Sarrasin, l'institutrice du village lui apprend l'orthographe, la grammaire et le calcul. Roger de Lattre en père sévère regarde de près les bulletins tandis que sa mère lui fait réciter les leçons.

« Une enfance protégée, modelée par trop de présences féminines, celle de sa mère, de sa grand-mère, de ses gouvernantes allemandes » écrira un de ses biographes, Jean-Luc Barré.

Stimulé sans cesse par son père et sa mère, il ne s'en amuse pas moins avec les gamins du village.

 

Comme il est entendu que les grands hommes ont toujours eu des mots d'enfant prophétiques, tenons pour vrai qu'à l'âge de sept ans il répondra à quelqu'un qui lui demandait ce qu'il ferait plus tard : "Moi, je serai général ou pape."

 

Le 1er octobre 1898 son père, Roger de Lattre, l'accompagne au collège Saint Joseph de Poitiers, là où il avait été lui même élève une trentaine d'années auparavant. C'était un des plus beaux établissements scolaires de la France d'alors. Les classes, les salles d'études, les dortoirs s’ouvrent largement au grand air et au soleil et il est probablement un des très rares collèges dont les cours de récréation donnaient sur un parc au milieu duquel une piscine avait été aménagée.

 

Le jeune Jean de Lattre entre au collège Saint Joseph en octobre 1898 et il va et rester en six ans, jusqu'en 1904. La vie est stricte dans cette maison d'éducation austère. Le lever est fixé à 5 heures et le coucher à 20 heures. Pour un garçon de neuf ans le contraste est brutal avec la vie précédente.

 

[…] Préside à la vie du collège un personnage : le père Emmanuel Barbier et professait que l'enseignement est d'abord affaire d'éducation de la volonté, formation du caractère, l'élévation de l’âme, et qu'une tête bien faite est supérieure à une tête bien pleine et qu'il fallait préparer pour la France de demain des hommes décidés, courageux, intransigeants, fiers de leur foi, généreux, propres de cœur et de corps.

 

[…] Le père Barbier était une sorte de combattant, un apôtre de la jeunesse, et un metteur en scène, ce terrible recteur qui faisait trembler, faisait aussi apporter des rafraîchissements au milieu de leur cours quand il savait ses élèves fatigués. Autant de traits, d'aspects, de gestes qui enchantaient le jeune de Lattre et le marquèrent si profondément qu'il utilisera plus tard des méthodes de commandement similaires. Plus tard, colonel ou général commandant en chef de la 1re armée française, il mettra un soin méticuleux à s'occuper du bien-être de ses soldats. Il n'est pas interdit d'imaginer que parmi les ombres de ses maîtres à penser, à commander, celle père Barbier lui chuchotera les impératifs de sa jeunesse émerveillée.

 

En 1904, prix d'excellence et de mathématiques, il est reçu aisément à son baccalauréat de rhétorique, en série A, bachelier à quinze ans et demi.

Les objets