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24 novembre 1929

Décède à son domicile parisien

Pendant ces dernières années, les épreuves se succédèrent sans relâche. Sa sœur Sophie est morte subitement en 1923. En 1926, il avait perdu ses deux meilleurs amis, Gustave Geffroy et Claude Monet. Sa sœur Adrienne mourut le 23 novembre 1927. Quinze jours plus tard, le 5 décembre, son jeune frère Albert, entré en clinique pour une opération bénigne, mourut en quelques minutes d’une angine de poitrine. Sa sœur aînée, Emma Jacquet, devait disparaître à son tour en novembre 1928. Tous ces deuils avaient provoqué en lui une tristesse profonde. Il passa les sept derniers mois de sa vie en s’épuisant à écrire "Grandeur et misères d’une victoire".

Les problèmes de santé s’accumulent toute l’année et le 17 novembre, Mordacq le voit et lui trouve “ une mine affreuse ” Ce fut leur dernière rencontre. A partir du 21, la situation empira. Clemenceau, soigné par la sœur Théoneste, souffrait d’une crise d’urémie. “ Le cœur devenait mauvais, la respiration de plus en plus pénible, les reins fonctionnaient très mal ” Tout portait à croire qu’il souffrait beaucoup. Il mourut le 24 novembre à 1 heure 45 du matin. (4)

Clemenceau vécu près de 35 ans dans cet appartement, au rez-de-chaussée d’un immeuble sur cour : quatre pièces donnant sur un jardin qui surplombe le boulevard Delessert. Clemenceau y planta des rosiers qu’il entretenaient soigneusement.
Après la première guerre mondiale, L.S. Douglas, un ami américain, acheta la maison de la rue Franklin afin que Clemenceau puisse y finir sa vie, sans soucis financiers.
Grâce à la donation de ses enfants, tout y a été conservé dans le même état que de son vivant. Ouvert au public le 29 novembre 1931, sous l’appellation «Musée Clemenceau», il est administré par La Fondation Musée Clemenceau et La Société des Amis de Clemenceau y a son siège.

Une campagne de travaux d’entretien dans l’appartement et la mise en valeur du musée (nouvelle muséographie, audio-guide,...) ont eu lieu récemment avec le soutien financier du Ministère de l’Intérieur. Le musée fut officiellement réouvert le 1er juin 2004.

 

  
  

Testament rédigé par Clemenceau, le 28 mars 1929

Je veux être enterré au "Colombier" à côté de mon père. Mon corps sera conduit de la maison mortuaire au lieu d’inhumation sans aucun cortège. Aucune ablation ne sera pratiquée. Ni manifestation, ni invitation, ni cérémonie.

Autour de la fosse, rien qu’une grille de fer, sans nom, comme pour mon père. Dans mon cercueil, je veux qu’on place ma canne à pomme de fer qui est de ma jeunesse et le petit coffret recouvert de peau de chèvre qui se trouve au coin gauche de l’étage supérieur de mon armoire à glace. On y laissera le petit livre qui y fut déposé par la main de ma chère maman.
Enfin, on y joindra deux bouquets de fleurs desséchées qui sont sur la cheminée de ma chambre qui donne accès au jardin. On mettra le petit bouquet dans l’obus qui contient le grand, et le tout sera déposé à côté de moi.

Je nomme mon très cher ami Nicolas Pietri mon exécuteur testamentaire, en lui adjoignant Me Pournin, avocat, et mon fils Michel, et je les remercie de la peine que cela pourra leur donner.

 

L’inhumation

Le dimanche 24 novembre 1929, Georges Wormser et Jean Martet veillèrent le mort. Les anciens officiers du cabinet militaire, menés par Mordacq, se relayèrent pour monter la garde. Le sculpteur François Sicard prit le masque mortuaire. A 18 heures eut lieu la mise en bière.

Le 25 novembre à 2 heures du matin, l’auto transportant le corps partit pour le Colombier. De Mouchamps, le cortège se rendit au Colombier. Tous les gens du pays étaient venus. On transporta le cercueil dans la fosse, creusée la nuit précédente par Brabant avec les gens du pays. Chacun jeta une petite motte de terre. La cérémonie a été des plus courtes.
Clemenceau reposait dans la terre de sa Vendée natale, à vingt kilomètres de Mouilleron où il était né un peu plus de quatre-vingt huit ans plutôt. (4)

 

Le Colombier de Mouchamps

Il y a les hommages au bord de sa sépulture qu'il a souhaité "avec rien qu'une grille de fer sans nom comme pour mon père", sous l'arbre de la liberté planté par son père en 1848 à deux pas du Colombier, une maison de famille depuis que Louis-Daniel Clemenceau épousa à l'église de Vendrenne, en Vendée, Charlotte Soulard le 27 juillet 1700 qui l'apporta en dot. Sophie Clemenceau, conseillée notemment par son frère Georges, vendit le Colombier de Mouchamps en 1921.

En 1922, les 6 enfants de Benjamin firent donation du terrain où se trouvait la tombe de leur père, à charge pour la commune d'entretenir les lieux moyennant un titre de rente. «Les donateurs se réservaient le droit de s'y faire inhumer, droit ne s'applicant pas à leurs héritiers ou descendants».

Seul, Georges fit jouer cette clause.

Il fit placer sur le lieu de la sépulture une reproduction, réalisée par son ami François Sicard, d'un bas-relief de Samos représentant une Minerve s'appuyant sur une lance dont la pointe affleure le sol.

La déesse de l'original appuyait sa lance sur un manuscrit figurant un traité, symbolisant ainsi la Sagesse qui veille au respect des accords passés entre les peuples. La lance est pointée sur la tombe de Georges Clemenceau. (14)

Le Général de Gaulle s'y réfère le 11 novembre 1941, de Londres, au micro de la BBC. Il évoque la tombe du "Père la Victoire" qui ne pourra y dormir tranquille qu'après la Victoire. Il vint s'y recueillir le 12 mai 1946. Hommage du président Vincent Auriol le 9 novembre 1951, du président Herriot en 1955, de Mme Giscard d'Estaing en 1978, du président François Mitterrand le 11 novembre 1987.

Et il y a «les pèlerins du silence» toujours très nombreux après 75 ans.

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