Aller au contenu principal

1927

publie "Au soir de la pensée"

Au soir de la pensée est, dans sa fabrication, l’ouvrage d’une équipe. Sans le formaliser, Clemenceau a voulu obtenir des conseils; et parfois, les réclamait en urgence. Clemenceau n’était plus dans la solitude du créateur. Clemenceau, régulièrement souffrant, devait envoyer des éclaireurs dans les bibliothèques. Vu la complexité des thèmes abordés, vu son exigence de scientificité et d’exactitude, il était obsédé par l’erreur et la vérification. Devant un tel comportement, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer le gain de maturité et d’exigence dans ses recherches. Nous sommes loin du jeune étudiant qui, dans une thèse scientifiquement erronée, glissait vers l’acte de foi en Robin et en la République pour satisfaire des convictions idéologiques déjà existentielles. Si les idées souvent demeurent les mêmes, elles veulent désormais être incontestablement justes (1)

 

Testament philosophique?

Ce très gros livre en deux volumes (459 pages et 496 pages), Clemenceau y travaille depuis 1921.

 

Matérialiste, athée, largement positiviste, il avait en même temps la conviction que la vie n’était concevable que par l’action et que cette action devait tendre vers l’achèvement de la justice et de la liberté.

 

Comment, dans le monde de la matière et de la science, serait-il possible d’accepter l’existence d’un idéal qu’on serait bien forcé d’appeler «moral» N’était-il pas contradictoire de croire à la fois en un implacable enchaînement de lois positives et en l’existence implacable d’un idéal qui, par définition, ne saurait dériver de la matière. Dans Au soir de la pensée, Clemenceau se débat contre ce dilemme.

 

Il a voulu faire un examen de ses connaissances: une synthèse et non une compilation.

Qu’ose-je donc proposer? Simplement d’établir un bilan des connaissances positives du monde et de nous-mêmes avec leur cortège d’interprétations et même d’hypothèses.

On part de l’homme, du moi, de ce que l’on appelle son libre arbitre. Dans la mentalité primitive, l’homme explique l’inconnu par des dieux. Mais il progresse: «rêver, penser», puis «connaître» et aboutir à la science, à l’hypothèse, à la lente conquête de l’inconnu. (6 premiers chapitres)

Viennent ensuite trois chapitres intitulés Symboles, Cosmogonies, Cosmologies. Une cosmologie, c’est l’idée d’engendrement du Cosmos. Or, pour Clemenceau, celui-ci n’a pu être engendré, créé. Une cosmologie, c’est une explication d’ensemble. Elles sont de plus en plus scientifiques.

Le second volume est une vaste fresque de l’évolution. L’atome -matière énergie. De l’atome à la terre, avec les périodes géologiques et paléontologiques. Puis l’évolution, à la fois biologique et psychologique.

Les trois derniers chapitres s’intitulent: Les âges primitifs, Civilisation, Et après? Clemenceau termine en étudiant la mort (4)

Les objets