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1858

Son père, Benjamin Clemenceau est arrêté

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Après avoir quitté Mouilleron-en-Pareds en 1844, Benjamin s'installe comme médecin à Nantes 8, rue du Calvaire puis rue Crébillon. Fidèle républicain, il fréquente le cabinet de lecture Plançon au coin de la rue Jean-Jacques Rousseau et de la place Graslin et il «y tenait des discours contre l'empire et contre les prêtres» (8) Il y fut arrêté en janvier 1858 après l'attentat d'Orsini.

Georges Clemenceau décrit le cabinet de Plançon dans la nouvelle Justin Cagnard, armateur dans Aux embuscades de la vie. (2)

 

Suspect, il l'était : Benjamin Clemenceau, arrivé à pied à Paris, avait participé à la Révolution de juillet en 1830. En 1848 il avait participé à la création de la commission démocratique nantaise, (et planté un arbre de la liberté près de la propriété familiale du Colombier sous lequel Benjamin et Georges Clemenceau sont enterrés).

 

En 1851, au lendemain du coup d'Etat de décembre, noté comme républicain suspect, il avait déjà été interné à Nantes. (5)

 

Benjamin Clemenceau fut condamné à la déportation en Algérie. Arrêté, menottes aux poignets entre deux gendarmes, la famille est bouleversée.

 

Emma, la sœur aînée de Georges, traumatisée, est devenue aphasique et amnésique pendant plusieurs mois. (7)

 

L'opinion nantaise s'émut d'un tel traitement infligé à un citoyen honorable et Benjamin sera libéré in extremis à Marseille. A son retour, il ferme son cabinet médical et se retire définitivement à l'Aubraie (Ste Hermine, Vendée)

 

Georges Clemenceau n'oubliera jamais cette scène qui restera primordiale pour ses futurs engagements.

 

En 1906, lorsqu'il revint en Vendée, Georges Clemenceau, alors ministre de l'Intérieur prononça ces mots lors du banquet républicain organisé en son honneur à Montaigu :

 

«Lorsque mon père partit pour l'exil, tous ses amis l'avaient fui. Deux seulement osèrent venir lui serrer la main. Après leur départ, je m'approchai de mon père et je lui dis tout bas : Je te vengerai. Il me répondit : Si tu veux me venger, travaille. J'ai travaillé, et aujourd'hui dans Montaigu, quand je vois tous les Républicains me faire l'honneur de m'acclamer bien au-delà de mes mérites, je ne puis m'empêcher de me tourner vers celui à qui je dois tout, et de vous dire : C'est lui qu'il faut honorer !» (3)

 

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