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août 1935

est nommé Colonel, prend le commandement du 151e RI de Metz

De Lattre quitte l'état-major de l'armée et, promu Colonel, il prend le commandement du 151 e R.I à Metz, le 24 juin 1935.

 

Comme à Coulommiers, il applique ses méthodes de commandement. Il apprend à connaître ses hommes, crée un service social, construit des foyers, des cinémas, aménage des salles de loisirs, des salles à manger d'où sont bannies les gamelles en tôle, des douches, des terrains de sport. Les exercices, les manœuvres, des sorties de nuit se succèdent. (5)

 

De Lattre a en-tête la phrase de Mein Kampf : « le peuple allemand doit concentrer toute sa violence, toutes ses forces physiques et morales pour atteindre au cœur l'ennemi infâme, la France. »

 

La situation internationale est de plus en plus préoccupante. Il sait que la guerre peut éclater d'une semaine à l'autre. Si à Coulommiers il s'était attaché, pour l'essentiel, à animer son bataillon, à Metz sept ans plus tard, il devra surtout aguerrir les unités sous ses ordres.

 

Ce que de Lattre voulait montrer c'est qu'en plus des efforts habituels qu'exigent les marches d'un fantassin, il faut obtenir du futur combattant un effort supplémentaire pour qu'il se prouve à lui-même qu'il a en réserve l'énergie insoupçonnée qui permet de gagner les batailles. Ce que de Lattre appelle "la pointe d'effort". Les exercices d'alerte sont de plus en plus fréquents.

 

Le 7 mars 1936, des troupes allemandes pénètrent en Rhénanie dans la zone démilitarisée par le Traité de Versailles. Rien ne bouge en haut lieu, de Lattre est furieux.

 

L'idée, presque l'obsessionnelle de De Lattre de ne pas laisser le monopole des cocoricos à la droite le poursuit. Pour avoir une majorité vraiment nationale et un Parlement qui vote les crédits militaires indispensables, il ne faut surtout pas que les partis de droite agressent continuellement la gauche et l'insultent. La France a besoin de tous les Français. Il s'agit de réconcilier, de rassembler pour arriver à une union sacrée telle qu'en 14.

 

Devant la montée des périls, de Lattre cherche à susciter une mystique de la force pour que les Français la détienne en leur tréfonds en cas de guerre. Il veut la construire en chacun par ses exigences mais également par la confiance qu'il leur manifeste. Pour cela, il utilise les ressorts cachés des vertus de la tradition et le respect des anciens (4)

 

Son temps de commandement à la tête du « plus beau régiment de France »- comme il se plait à dire - va se terminer. Le 10 septembre 1937, le colonel de Lattre remet au colonel d'Argenlieu un régiment qu'il a modelé et transformé. Malgré quelques avis au vitriol du général Lucas : « n'a pas donné dans son commandement ce qu'on était en droit d'attendre », le général Giraud note que de Lattre laisse à d'Argenlieu : « un magnifique régiment qui est en même temps un excellent outil de guerre » et qu'il réclamait pour de Lattre les étoiles de général de brigade.

 

Le général Lucas aura le dernier mot : « A voir au Centre des hautes études militaires avant d'être proposé pour le grade supérieur ».

 

A 48 ans, de Lattre va devoir retrouver les bancs d'école avec une quarantaine de colonels et de généraux.

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