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juillet 1929

est nommé Chef de Bataillon au 5e RI à Coulommiers

Le 27 juillet 1929, le commandant de Lattre prend le bataillon . C'est un des régiments les plus anciens et les plus glorieux mais il comprend qu'il aura beaucoup à faire. Il découvre la grisaille, la routine, l'ennui, la nonchalance, parfois même une certaine tendance à l'alcoolisme (3)

 

A l'époque cela faisait très provincial d'être commandant à Coulommiers. Au lieu de parader à Metz ou à Strasbourg, « Voilà de Lattre dans un fromage », disait ceux qui ne l'aimaient pas… Le personnage va encore les étonner, parfois les choquer.

 

D'emblée il décide de changer tout cela, d'embellir ce qu'il pourra dans une cité de 13 000 habitants, de redonner confiance aux soldats et à un encadrement désabusé, d'intéresser une population qui ne demandait qu'à s'animer.

 

Sa première initiative n'a rien de choquant mais elle surprend par son originalité. Voilà un commandant qui utilise ses soldats pour remettre en état les tombes des soldats britanniques à l'abandon.

 

Tout de suite il pense à améliorer le cadre de vie, un foyer du soldat était indispensable pour que les hommes puissent se réunir ailleurs qu'au bistrot. On le décore : ces travaux sont moins médiocres que la corvée de patates !

 

Il prend contact avec des civils et avec le maire pour que l'on s'entraide à chaque occasion. On organise la venue d'artistes de renom qui viennent jouer des pièces de théâtre, animer des fêtes, égayer la petite ville. Il s'entend à résoudre les problèmes de travail des épouses de militaires.

 

Aux alentours, des officiers sont interloqués. On persifle ces nouveautés. On le prend pour un excentrique, un démagogue, un arriviste et bientôt pour un politicien. Il n'est pas de petites missions, se plaît-il à rappeler (4)

 

Etre à Coulommiers avait des avantages immédiats. Et en tout premier lieu, le détachement de ce bataillon lui offre les apparences d'une unité formant corps. Il a une certaine autonomie par rapport au régiment et il sera presque maître chez lui. Il a les coudées franches pour organiser sa vision et ses réformes de l'armée (3)

 

La carrière du commandant de Lattre se poursuivait sans anicroche. Cependant, sa vie conjugale avait été assombrie par un accident de santé qui frappa son épouse. Un point de tuberculose pulmonaire s'était révélé chez la jeune mère. Séparation, inquiétude, éducation de l'enfant, l’adversité ne rend pas le ménage triste mais la mère passera sept ans et à l'écart de presque tout, sans se plaindre (4)

 

Jean de Lattre apprend que Georges Clemenceau décline très vite en ce mois de novembre 1929. Il lui rend souvent visite le dimanche matin, rue Franklin. Ils sont restés très proches. Le 24 novembre 1929, lorsqu'il apprend son décès, il décida immédiatement d'aller s'incliner devant son corps. La fille de Clemenceau, Madame Jacquemaire leur apprend que le testament vient d'être ouvert et que son père désire être enterré secrètement en Vendée. Il ne veut qu'une vingtaine de personnes autour de sa tombe, dont le commandant de Lattre qui devra venir en uniforme. Seuls, Simonne et Jean de Lattre, prièrent sur la tombe Clemenceau. Il a eu, comme il le voulait, son enterrement de mécréant.

 

Parmi les leçons transmises par Clemenceau à son compatriote mouilleronnais, Il en est une que de Lattre a décidé de ne jamais oublier, lui qui est aussi habile que le Tigre à se créer des attachements profonds et des antipathies irréversibles : «Ne craignez jamais de vous créer des ennemis. Si vous n'en avez pas, c'est que vous n'avez rien fait» (3)

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