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1926

publie "Démosthène"

Le 3 mai 1923, à 10h35, Marguerite Baldensperger souhaitait faire écrire, par une élite d’écrivains, des volumes à la fois simples et sérieux. Responsable de la collection Nobles vies - Grandes œuvres chez Plon, elle sonne à la porte de Clemenceau, rue Franklin à Paris et de Clemenceau se mit à parler de Démosthène, «un homme a qui je dois beaucoup» dit-il. Elle réussit à retarder sa recherche philosophique Au soir de la pensée pour qu’il écrive -en un mois pensait-il- un Démosthène à l’intention des jeunes.

 

Le mardi 30 juin 1925, il lui écrit: Démosthène est commencé. Le 7 août: J’ai mis ce matin le trait final à Démosthène. (12)

 

Le Tigre avait une admiration pour la Grèce. Pour lui, il y avait bien des similitudes entre Athènes et la France: un sommet de culture, une grande bravoure, une grande inconstance. Démosthène ne ressemblait-il pas à Clemenceau, non au Clemenceau de la victoire, mais à celui qui contemplait, dans les années 20, l’érosion, l’effritement et la démolition de son œuvre? «Le drame d’une vie dépensée, dans l’unique effort de sauver de lui-même le peuple le plus idéaliste, par la légèreté duquel le plus bel idéal de lumière humaine allait affreusement succomber» Dans ce milieu si troublé, Démosthène «met tout son espoir dans la puissance de sa parole» Voici qui décrit aussi bien Clemenceau que Démosthène. «La force qui l’emporta de haute lutte sur toutes les autres est dans l’inébranlable résolution d’une conscience qui veut et fait parce qu’elle croit» La grandeur de Démosthène est que sa gloire ne vint pas de la violence; il n’en voulut que pour résister à une violence plus grande.

 

«Quand Denys d’Halicarnasse nous donne Démosthène pour le grand orateur de tous les temps, je me permets de trouver la louange insuffisante, puisque la parole ne peut être que vain bruit sans l’action. Au sens achevé du mot, Démosthène fut un homme. C’est assez. A bien y regarder, c’est beaucoup» (4)

 

Clemenceau n'a pas écrit ses mémoires, mais le Démosthène publié chez Plon peut être considéré comme une biographie en trompe-l’œil, «une oeuvre-gigogne à la lisière de l’autobiographie» comme l'analyse Sylvie Brodziak, «reflet de son propre destin» comme l'écrit Jean-Noël Jeanneney.

 

Charles Pons le mit en musique:

Je suis allé hier entendre Démosthène au piano avec Dufrene pour chanter. Cela fera beaucoup de bruit.[...] Je n’ose pas vous dire que cela vaille la peine de vous déranger. 3 janvier 1928 (12)

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