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1910

part pour l'Amérique du Sud

Clemenceau est réélu sénateur du Var, le 3 janvier 1909.

Le 9 janvier, la France et l’Allemagne signent un accord réglant les affaires marocaines.

 

Du 9 au 15 juillet, les Assemblées règlent la retraite des cheminots.

Le 16 juillet, les Assemblées votent le projet de réorganisation de l’artillerie. C’est le dernier acte de Clemenceau au pouvoir.

 

Au cours d’un débat sur la marine entre le ministre Alfred Picard, Delcassé, président de la commission d’enquête, et Clemenceau, président du conseil, celui-ci ne put s’empêcher de rappeler à Delcassé que ses grands projets politiques avaient conduit à Algésiras (conférence sur le Maroc, compromis considéré par certains comme une humiliation) et aggrava son attaque par ses paroles: «Vous étiez ministre des Affaires Etrangères; votre politique nous a menés à la plus grande humiliation que nous ayons connue depuis 20 ans»(5)

 

Le Président du Conseil est mis en minorité sur le champ.

 

Clemenceau s’embarque le 30 juin 1910 à Naples sur le Regina Elena, vers la République argentine et le Brésil, pour y faire une série de conférences. A une intense curiosité pour tout ce qui était exotique s’ajoutait un évident besoin d’argent. Il venait d’acheter une grande maison à Bernouville en 1908, et les personnalités argentines qui l’invitèrent lui avaient offert des honoraires considérables.

 

Clemenceau avait préparé huit conférences. Il en donna une neuvième à la demande des Argentins. Il fit aussi en Amérique du sud, çà et là, de nombreuses allocutions improvisées, et répéta deux ou trois fois l’une ou l’autre des conférences :

La démocratie en général

La démocratie dans l’Antiquité

La démocratie et le Parlement

Les rapports Parlement-gouvernement

La démocratie sociale

La démocratie, la guerre et la paix

Les rapports de l’Eglise et de l’Etat dans une démocratie

Conclusions d’un visiteur sur l’Argentine (conférence demandée en supplément par les Argentins)

Démocratie et éducation (à Sao Paulo)

 

Le voyage de Clemenceau eut d’importants effets dans le domaine de la propriété littéraire. Les Argentins n’avaient pas adhéré aux accords internationaux et se permettaient de reproduire les livres ou de jouer des pièces de théâtre sans verser de droits aux auteurs. Une troupe Le grand Guignol voulut profiter du passage de Clemenceau pour jouer Le voile du bonheur. Clemenceau tenta de s’y opposer, la représentation fut un succès. Clemenceau adressa au directeur une lettre qu’il communiqua à la presse, n’hésitant pas à parler de «pirateriet de «question de dignité» pour la nation argentine. L’émotion fut assez forte pour que l’Argentine adhérât, dans les jours, à la convention internationale sur la propriété littéraire (4)

 

A son retour, l’Illustration lui demanda ses notes de voyage en Amérique du Sud; il n’avait rien écrit car «c’est un grand ennui de coucher ses impressions noir sur blanc -toujours pour une manifestation d’impuissance- au moment précis où l’on sent le plus vivement»; il se mit à la tâche.

 

Publié en feuilleton dans l’Illustration, puis édité par Hachette en 1911. En 1991, la collection UNESCO œuvres représentatives réédita les Notes de voyage dans l’Amérique du Sud. Argentine-Uruguay-Brésil. Jean-Louis Marfaing, conclut ainsi la préface de cette réédition (11):

 

«L’exemple de Clemenceau, voyageur, grand reporter, politique, est à suivre: la lecture de ses notes de voyage invite l’honnête homme à une réflexion décapante sur l’étranger et sur lui-même; elle lui apprendra à découvrir en acceptant le risque de se trouver lui-même découvert»

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