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1880

fonde le journal "La Justice" avec Camille Pelletan, rencontre Marx à Londres

Les lecteurs de journaux étaient les bourgeois. Connaître l’opinion des leaders présentait à leur yeux beaucoup plus d’importances que saisir l’opinion des masses. Et pour le leader, c’était sur ce groupe limité qu’il fallait agir. (4)

 

Clemenceau avait aussi appris aux Etats-Unis le rôle que pouvait jouer la presse dans un régime démocratique, aussi il fonde La Justice avec Camille Pelletan pour représenter le radicalisme. Le journal parut pour la première fois le 15 janvier 1880. Il paraîtra pendant 17 ans.

 

Au fond de la cour de l'imprimerie Schiller, 10 Faubourg-Montmartre, c'est toute une équipe de très jeunes gens qui se retrouve autour du directeur Clemenceau qui, à 39 ans, est le plus âgé du journal.

 

Gustave Geffroy, futur critique d'art renommé, est là, le premier jour. Il deviendra l'un des plus proches amis de Clemenceau et lui fera rencontrer le monde artistique de l'époque (dont Monet qui partagera une amitié extraordinaire avec Clemenceau pendant plus de 50 ans)

 

Il écrit dans son Clemenceau (5) :

 

La Justice fut un journal particulier, non seulement par son allure sévère, qui n'exclut pas l'esprit chez nombre de rédacteurs, à commencer par le directeur et le rédacteur en chef, mais par la parfaite camaraderie et même la profonde amitié qui unissait les collaborateurs. On peut dire que nous formions une grande famille (...)

Il (Clemenceau) laissait à ses collaborateurs une liberté complète de travail et d'expression,(…)

Je n'ai pas besoin de vous dire que nous étions tous «clemencistes», que nous suivions avec enthousiasme, en y aidant de notre mieux, le combat pour la République qu’il menait à la Chambre (...)

 

Léon Daudet, cité par Duroselle (4), décrit à son tour :

 

Monsieur le directeur arrivait entre onze heures et minuit, très chic, habit et cravate blanche, avec cet air à la blague et à la stupeur que connaissent ses familiers, et qui est son attitude devant les évènements, petits et grands. Aussitôt accouraient autour de lui, pleins de cordialité mêlée de respect, ses collaborateurs, ses amis, et Geffroy me poussait le coude : Le patron est de bonne humeur. On va rigoler.

 

Clemenceau rencontre Marx à Londres en mai 1880 grâce à Longuet (le gendre de Marx) Marx crut pouvoir gagner Clemenceau au socialisme grâce à son gendre. Le contraire se produisit : Clemenceau convertit Longuet à un radicalisme vaguement socialiste.

Marx et Engels s'intéressèrent à Clemenceau, la réciproque n'est pas vraie. Clemenceau ne parla jamais de Marx dans ses écrits et discours et l'on ne retrouve aucun ouvrage de Marx (ni d'Engels, de Guesde ou de Lafargue) alors qu'y figurent 16 ouvrages de Proudhon.

 

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