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1862

est enfermé à la prison de Mazas, fonde le journal “Le Matin”

Clemenceau y fut profondément malheureux. Il raconta lui-même ce qu'était Mazas dans La Dépêche de Toulouse du 2 août 1894, l'ennui effroyable de la prison, l'état de l'homme acculé dans le réduit où ses regards et ses pensées se heurtent sans cesse aux murs.

 

Il définit le supplice du prisonnier : seul, sous l'œil attentif. Défense de parler ou de chanter. Défense d'être triste, de pleurer. (5)

 

Il n'oubliera pas qu'au bout de trois jours, il était disposé à avouer tout ce qu'on aurait voulu pour abréger d'une heure un pareil régime.

 

Il n'oubliera pas la promenade entre deux grilles, la table encastrée dans le mur, la chaise enchaînée à la table, le pain gluant dit boule de son, le riz avarié dans une eau noirâtre ni l'affiche informant le prisonnier que son ange gardien est enfermé avec lui...(5)

Clemenceau exprimera son désir de voir le législateur et le juge de tâter d'abord de la prison avant de légiférer sur le régime pénitentiaire.

 

Clemenceau sort de Mazas le 12 mai 1872, après 77 jours de détention, plus haineux à l'encontre de l'Empire et Georges part pour l'Aubraie (Vendée) afin d'y respirer un peu d'air auprès de son père qui s'était rendu aussitôt à Paris après son arrestation pour y rencontrer le juge d'instruction et le visiter.

 

Dès son retour à Paris, il lance Le Matin un journal qui ressuscite Le Travail avec Pierre Denis, Andrieux, Desprez, Eugène Carré, Wilfrid de Fonvielle. Le Matin né le 29 juin disparaîtra après huit numéros, le 31 août 1862.

 

Clemenceau ira visiter son ami Ferdinand Taule qui était interné à Sainte-Pélagie au pavillon Est dit Pavillon des Princes. Il y fit la connaissance de deux hommes qui joueront un grand rôle dans sa vie : Auguste Blanqui et Auguste Scheurer-Kestner.

 

Après la disparition du Matin, Clemenceau et Scheurer-Kestner participent à un vaste complot organisé par Blanqui. Ils sont chargés d'aller chercher en Belgique une presse pour monter une imprimerie clandestine dans l'appartement de Clemenceau qu'il partage avec Lafont -un ami nantais. Un commissaire de police qui perquisitionnait dans l'appartement ne trouva rien grâce au sang froid de Clemenceau qui lui tenait une lampe devant les yeux pour l'éblouir. Blanqui fit récupérer le matériel par un de ses «disciples»

 

Une deuxième affaire d'imprimerie clandestine fut tout aussi rocambolesque : matériel transporté de Thann à Strasbourg, déménagement dénoncé à la police par un ami de Scheurer-Kestner de Mulhouse, presse cachée chez la maîtresse d'un étudiant républicain à Paris, police à nouveau informée... et Clemenceau et ses amis durent tout jeter à la Seine. «C'est ainsi que furent noyés mes huit cents francs» écrit Scheurer-Kestner qui avait financé l'opération. (4)

 

Les objets